Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/54

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Mais ne t’étonne pas, exalté catholique,
Si ton calme voisin n’est pas même chrétien :
C’est le juif d’Amsterdam sous sa maigre tunique,
Roulant son large rêve où tout l’univers tient.

Entre, Augustin d’Afrique, avec Platon d’Athènes,
Bâtisseurs différents de rivales cités ;
Mais tous deux regardiez du haut des tours hautaines,
S’avancer pas à pas d’autres humanités.

Tous deux, diversement éclaireurs de la route,
Pressentiez dans la nuit le jour qui revenait,
Et quand fait le passé sa sombre banqueroute,
Sur les coteaux prochains le soleil qui renaît.

Entre aussi, Marc-Aurèle ! Avec toi, magnanimes,
Ceux que tu fis martyrs aimeront à s’asseoir ;
À leur persécuteur pardonnent les victimes,
Car ton cœur était pur ainsi qu’un ostensoir.

De même que la leur, ta mission fut grande ;
Eux et toi poursuivant un inégal chemin,
Donniez pareillement votre vie en offrande,
Eux pour le Créateur, toi pour le genre humain.

Idéal ! Idéal ! C’est là ton doux génie ;
Entre ceux que la pourpre ou l’auréole a ceints,
Tu refais l’union, tu remets l’harmonie,
Et les sages, par toi, sont rapprochés des saints.