Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/56

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Place à lui ! mais aussi place à François d’Assise
Tendre au pauvre en haillons, à l’oiseau dans l’azur,
Rêvant d’une suave et séraphique église
Qui n’aurait qu’un grand cœur et n’aurait pas de mur.

Place à Vincent de Paul, cet autre oiseleur d’âmes,
À saint Jean Bouche-d’Or, le moine Bysantin
Qui déployait son froc sur les cités infâmes
Et pour l’éternité cueillait le pur butin ;

À tous les grands vaincus d’une cause idéale :
Colomb chassé des cours, ballotté sur les mers,
Jeanne d’Arc au bûcher, la chrétienne vestale,
Morus sur son gibet, Galilée en ses fers.

Et surtout place à toi, leur guide d’âge en âge,
Qui dirigeais leurs pas vers les chemins meilleurs
En disant : « Renoncez au terrestre partage ;
L’héritage est plus haut ; la maison est ailleurs. »

Toi qui te promenais dans les bourgs de Judée,
Vagabond pauvre en tout sauf en amour, semant
Sur l’avare terrain la merveilleuse Idée
Qui lèverait un jour en immortel froment.

Ô roi de l’idéal et prince du symbole,
Toi qu’au nom de la lettre ils ont fait mourir, toi
Qui greffais ta vivante et douce parabole
Sur l’arbre desséché de la rigide loi ;