Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE VRAI MOT DIVIN



Eh bien, non, j’avais tort… et j’oubliais en vain
Le principe de tout et le prince des mondes,
Le roi des tendres cœurs et des planètes blondes,
L’Amour : lui seul, lui seul reste le mot divin ;

Car le Pardon guérit, mais c’est l’Amour qui crée ;
En nos blessures, l’un comme un baume descend ;
C’est la goutte de miel sur la goutte de sang ;
Mais l’autre à flots pressés jaillit, sève sacrée.

« Mon Dieu, pardonnez-leur ! » — Longtemps avant le jour
Que cette alme parole eût fleuri l’arbre infâme
De la croix, aux roseaux d’un lac cher à son âme,
Jésus avait appris cette musique : « Amour ! »

Et les douze pêcheurs, même avant d’être apôtres,
Quand l’Évangile exquis de ses lèvres coulait,
Retenaient, douce proie au fond de leur filet,
Ce vocable inconnu : « S’aimer les uns les autres. »