Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/84

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Oh ! ton âme !! Veux-tu qu’à la sentir atteinte
Tes ennemis joyeux disent ce mot amer :
« La France rayonnait, mais, son étoile éteinte
Un jour a sombré dans la mer ? »

Par ton bras qui défend, contre le bras qui tue,
L’Orient, qui t’aimait, longtemps fut abrité.
Veux-tu qu’un autre peuple à toi se substitue
Dans ton rôle d’humanité ?

Préserve donc ton âme et conserve ton rôle ;
Ramasse — il est vacant — le sceptre d’équité ;
Il fut tien : et partout, de l’un à l’autre pôle,
Ô vaillante, tu l’as porté.

Les nations, dit-on, pèsent dans le silence
Le sort des meurtris et celui du meurtrier ;
À défaut de ton glaive, en leur lente balance,
Jette du moins ton bouclier.

Pour arrêter le meurtre et désarmer la haine,
Pour sauver des bourreaux tout un peuple martyr,
Mets-le sous ton égide à la tutelle humaine :
Des hommes vont encor mourir.

Prends garde que le drame un jour ne recommence ;
— Le sabre est rose encor du sang mal essuyé —
La première, au Sultan, apprends le mot : Clémence,
Et souffle au Tzar le mot : Pitié.