Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/87

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Pourtant, elles rêvaient une autre fin sans doute,
Tristes de remonter à la céleste voûte,
Sans avoir achevé leur charitable route,

Sans avoir prévenu l’œuvre des meurtriers,
Et douces, se jetant au milieu des guerriers,
Levé sous le ciel bleu les rameaux d’oliviers !

Du divin Maître et Roi servantes conjugales
Égales de ferveur et de tendresse égales,
Et sœurs, comme les trois vertus théologales,

Elles étaient la Foi par leurs yeux de clarté,
L’Espérance, par leur sourire irréfuté,
Et par leur cœur, foyer brûlant, la Charité.


II

Et vous avez éteint ces âmes de lumière
Et d’amour ; et chacune à bénir coutumière,
Vous pardonna, clémente, à son heure dernière.

Mais des suites de l’acte êtes-vous déliés,
Vous qui ne pouvez plus agir en chevaliers,
Et jouez à ravir les trop sanglants geôliers ?

Ô premier sang humain versé, premières tombes
Ouvertes, devançant les vastes hécatombes !
Pour les vautours, d’abord, ont payé les colombes.