Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le glaive de jadis a fait place au canon ;
Et comme Idoménée ou bien Agamemnon
Sacrifiait aux dieux les enfants de leur nom ;

Les nations, par crainte, et dans le crime unies,
Les rois civilisés, étranges ironies,
Ont jeté dans la mort ces trois Iphigénies.

Mais le vrai Dieu proteste où Jupiter consent ;
Le ciel ne bénit plus le meurtre ; mais le sang
Retombe sur tous ceux par qui meurt l’innocent.

Sur vos légères mains, ô trop fins diplomates,
Pourraient bien demeurer de rebelles stigmates !
— La tache qui résiste à tous les aromates. —

D’autant qu’à votre insu votre rôle dément,
Précipite et mûrit le grand événement :
La guerre, sous vos pieds, germe, pourpre froment.

Et jetant sur les mers leur sotte mélodie,
Vos canons foudroyant la Canée ou Candie,
N’auront peut-être fait qu’ouvrir la tragédie.

Et qui donc pourrait croire à l’heureux dénouement
Quand votre sextuor sonne si faux, vraiment ;
Et quand votre concert n’est qu’un beau mot qui ment ;

Quand vous marchez au but commun qui vous réclame,
La paix dans les discours et la haine dans l’âme,
La peur ou l’intérêt pour unique oriflamme,