Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/94

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La Crète apercevant des trop chers Propylées
Le resplendissement dans l’air suave et fin,
Vers eux tend de nouveau ses mains inconsolées ;
Seras-tu sans pitié pour cet exil sans fin ?

Ariane cherchant si l’esquif de Thésée,
Ne va pas reparaître à l’horizon natal,
A gémi de nouveau sa plainte inapaisée ;
Seras-tu sans amour pour cet amour fatal ?

Honore un idéal, respecte une tendresse,
Et le frémissement d’héroïsme et d’orgueil,
Qui du Pinde à l’Ida fait tressaillir la Grèce,
Et les grands morts revivre au fond de leur cercueil.

Vers un peuple opprimé, ton cœur, ton cœur s’élance,
Comme il a le dégoût d’un peuple de bourreaux :
Tu ne peux donc tenir une égale balance
Entre les assassins et les fils des héros.

Regarde : d’un côté c’est le despote sombre
Plus blême de terreur que fou de cruauté.
Et là, c’est la cité qui fit jaillir dans l’ombre
Ces deux étoiles sœurs : Justice et Liberté.

Le Grec et l’Osmanlis ont tracé par le monde
De leur glaive inégal un différent sillon :
Le cimeterre tue et jamais ne féconde ;
La lance athénienne est encor un rayon.