Page:Trollope - La Pupille.djvu/101

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cevant aussi bien, s’écria gaiement sir Charles ; car, en effet, j’ai été trop vite en affaires. Je crois que je vous laisserai la plus grande partie de la tutelle, mon bon major, car la jeune héritière n’a pas l’air de m’affectionner très-particulièrement. »

Cette franche et amicale remarque ramena le sourire sur les lèvres des personnages de cette scène, et rétablit l’intimité que l’attitude de miss Martin avait un instant glacée. Algernon lança alors un regard d’orgueil au baronnet, qui lui dit aussitôt :

« Oui, mon ami, vous aviez raison, vous êtes un véritable prophète.

— Quoi ! Algernon, reprit le major, saviez-vous déjà à Combe ce qui arriverait à Sophie ?

— Oui, mon père.

— Pourquoi ne m’en avoir jamais rien dit ?

— Parce que, comme toutes mes convictions étaient fondées sur les mensonges et la fausseté de miss Thorpe, vous m’auriez fait des reproches et ne m’auriez pas cru ; tandis que, si maman, Florence et sir Charles se sont peut-être moqués de moi, au moins ne m’ont-ils pas grondé de mes remarques.

— C’est vraiment étonnant ! mais jamais pareille idée ne me serait venue, reprit le major ; et à vous, Poppsy ? et à vous, Florence ?

— Il n’y avait qu’Algernon pour supposer des monstruosités pareilles, reprit mistress Heathcote ; quoique assez souvent il m’ait fait remarquer des bizarreries dans la conduite de Sophie, je n’y faisais guère plus d’attention qu’à toutes ses moqueries sur ses autres cousins et cousines.

— Quant à moi, mon père, dit Florence, je n’ai jamais pris au sérieux les folies d’Algernon, et encore moins celle-là que les autres.

— Je suis charmé que d’autres que moi soient restés