Page:Trollope - La Pupille.djvu/113

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Thorpe ne tardera pas plus d’un an, reprit sir Charles, et que d’ailleurs elle a reçu de vous, mes chers amis, des bienfaits qui ne s’oublient pas, je pense que vous auriez tort d’insister davantage là-dessus ; seulement nous fixerons à 2500 livres sterling la somme délivrée à notre pupille pour tenir sa maison.

— Je ne dirais rien à cela, répondit le major, si j’avais une moins nombreuse famille ; mais tant de monde ne peut être logé et nourri aux dépens de Sophie.

— Alors, monsieur, s’écria l’héritière, il y a moyen de tout arranger ; je vous avoue que je verrai diminuer avec plaisir le nombre des personnes que j’aurai continuellement avec moi. Votre fils aîné, par exemple, sera partout ailleurs beaucoup mieux que chez moi. D’ailleurs, vous conviendrez que sa présence habituelle auprès de moi pourrait me faire beaucoup de tort. »

Les trois interlocuteurs de miss Martin ne savaient que répondre ; quoique très-doux de caractère, le major et sa femme n’osaient point parler, dans la crainte de la traiter trop brutalement ; mais sir Charles, quoique exaspéré au dernier point, répondit cependant en se contraignant le plus possible :

« Bien que mon opinion diffère entièrement de la vôtre, miss Thorpe, je serai votre avocat auprès de vos parents pour obtenir le départ d’Algernon, quoiqu’il me paraisse difficile qu’un garçon de seize ans puisse vous compromettre en quoi que ce soit ; mais, comme il est complètement impossible qu’un enfant de huit ans, vous semble aussi dangereux, admettrez-vous que, si Algernon part, les plus jeunes enfants du major doivent rester sous la protection de leur mère et de leur père ?

— Merci, sir Charles, répondit Sophie ; si vous parvenez à faire ce que je désire par rapport à Algernon, je tâcherai, moi, de vous satisfaire en gardant les enfants chez moi ; car si mistress Heathcote ne veut pas les