Page:Trollope - La Pupille.djvu/123

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sans comprendre, et une colère réprimée avec soin grondait chez le major, qui répondit :

« Mais cette voiture est énorme et voyagera bien difficilement, Sophie.

— J’ai permis qu’elle arrivât un jour à l’avance et que l’on fît des relais. Pour le retour, je prendrai quatre chevaux ; du reste, je vous dirai que, pendant le temps de ma minorité, je me contenterai de cette voiture : il suffira de la faire repeindre et de mettre mes armes sur la portière.

— J’aime à supposer, Sophie, que vous ne voyagerez pas seule avec le postillon, et que vous trouverez bon que je vous accompagne avec mes deux filles, reprit mistress Heathcote.

— Il est inutile que vous vous dérangiez pour moi, reprit miss Martin Thorpe. Vous viendrez comme il vous plaira ; mais je désire être chez moi avant vous, afin d’y faire tout préparer pour vous recevoir plus convenablement. J’ai écrit à mistress Barnes de faire nettoyer la maison, et, dès qu’elle sera en état, je vous ferai prévenir. Quant à vos craintes de me voir voyager seule avec ce postillon, dissipez-les : j’emmènerai ma femme de chambre. En allant l’autre jour chez la couturière, je lui ai demandé si elle connaissait une bonne femme de chambre. Alors, elle m’a répondu que, l’état de couturière ne rapportant presque rien, elle désirait se replacer, et m’a offert d’entrer chez moi. Je suis allée aux renseignements chez mistress Mills, la femme du ministre, et, d’après ses excellentes recommandations, j’ai arrêté miss Robert. J’espère, madame, que vous m’approuvez ?

— Certes, tout cela paraît fort bien arrangé, Sophie, répondit mistress Heathcote. Je suis seulement étonnée qu’une jeune personne aussi ignorante des affaires que vous paraissiez l’être puisse se tirer si bien de tout cela.