Page:Trollope - La Pupille.djvu/17

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CHAPITRE II.


Il était impossible que de tels projets de fêtes ne fussent pas à la cuisine comme au salon le sujet de toutes les conversations. En effet, la cuisinière, son aide et le petit décrotteur, bavardaient à qui mieux mieux en se reposant de leur facile besogne, tandis que la femme de charge et sa nièce, réunies dans la chambre de mistress Barnes, prenaient une bonne tasse de thé tout en causant de l’événement prochain.

Comme mistress Barnes était la seule qui connût bien la famille, nous écouterons avec soin ce qu’elle racontait à sa nièce, venue à Thorpe-Combe pour aider à mettre la maison en état de recevoir les visiteurs.

« Vous n’aviez guère que cinq ans, Nancy, quand notre bonne dame est morte ; je ne crois pas que vous puissiez vous la rappeler.

— Non, ma tante, pas du tout, répondit la jeune fille.

— Tant mieux pour vous ! car elle était si bonne que sa perte a causé un profond chagrin à tous ceux qui la connaissaient. Tant qu’elle vécut, tout alla pour le mieux. Leur fils unique se conduisait assez bien ; mais, dès qu’elle fut morte, on apprit qu’il n’était qu’un vaurien et qu’il vivait avec une femme mariée. M. Thorpe, qui avait le cœur brisé de douleur et le caractère aigri par le désespoir, traita M. Cornélius très-durement, c’est vrai, mais pas plus cependant qu’il ne le méritait. Le jeune homme ne voulut pas supporter cette sévérité ; il partit