Page:Trollope - La Pupille.djvu/20

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sot mariage avec un jeune ministre nommé Martin. Elle se maria contre la volonté des deux familles, et mourut dans la misère ; son mari la suivit de près, et tout ce qu’il reste de cette alliance stupide est un enfant, fille ou garçon, qui a été adopté par le major Heathcote. Maintenant, mon cher Charles, vous en savez autant que moi sur toutes ces personnes ; je m’accuse de les avoir trop négligées, mais j’ai été bien malheureux, mon ami : c’est là mon excuse, et, quoique je désire que tous ces enfants aient mieux tourné que mon pauvre fils, je ne me sens pas le moindre désir de les voir ni de les aimer.

— Vous allez en combler un de bienfaits sans qu’il ait rien fait pour le mériter, répondit sir Charles ; eh bien ! il est fort heureux que vous les ayez tenus éloignés : car, depuis la mort de votre fils, vous auriez pu voir parmi eux une lutte de perfections factices et une anxiété qui vous auraient été pénibles. Je dois avouer que je me sens de la sympathie pour la famille Heathcote. Le père doit être un bon garçon pour s’être chargé d’un nouvel enfant, en ayant déjà lui-même une si grande quantité.

— Oui, cela parle en sa faveur. J’ai complétement oublié comment il est, je ne l’ai vu que le jour de son mariage, et je me rappelle qu’il était fort beau. Voici le brouillon de ma lettre, Charles ; voulez-vous le recopier trois fois ? »

Sir Charles prit le papier et murmura en le lisant :

« C’est clair et concis, mon ami, et cela ne me donnera pas grand’peine.

— Pensiez-vous donc, mon cher Charles, que j’allais leur envoyer un récit détaillé de ma position et de mes affaires ? Relisez-moi ceci à haute voix, je vous prie : je verrai si j’en suis satisfait. »