Page:Trollope - La Pupille.djvu/24

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rieur, attendant que mistress Barnes leur ordonnât de descendre aider les dames à faire leur toilette pour dîner ; d’autres servantes attendaient dans la cuisine pour monter l’eau chaude, ouvrir les caisses, ôter les manteaux et les vêtements de voyage. Toutes les précautions étaient si bien prises que, si quelque duchesse fût descendue à Combe, mistress Barnes n’aurait pas été embarrassée pour la recevoir ; aussi, grand fut le désappointement de la pauvre femme de charge, quand elle vit quelle sorte de monde allait profiter de cette réception vraiment royale.

La première personne qui parut dans le vestibule fut mistress Heathcote. Mistress Barnes l’aurait peut-être trouvée fort bien vingt ans auparavant ; mais depuis cette époque, la Providence lui ayant envoyé seize enfants, sa taille était complètement déformée, et on l’aurait facilement prise pour une sphère. Son costume n’était guère mieux que sa personne : son manteau fort commun, son chapeau jaune et noir, tout déformé par les cahots de la voiture, enfin son apparence, étaient loin de répondre à l’aimable tournure des grandes dames que mistress Barnes avait rêvé faire partie de la famille de son maître. En voyant les jeunes gens, tout ce que mistress Barnes put découvrir fut que l’une des jeunes filles était beaucoup plus grande que l’autre, et que le jeune homme était remarquable par la quantité de vêtements sordides qui entouraient sa pauvre et chétive personne.

Après avoir fait descendre tous les bagages et payé le cocher, M. Heathcote vint rejoindre sa pesante moitié qui l’attendait à la porte du salon, ne voulant pas absolument faire son entrée sans son mari.

En entrant dans le salon, ils aperçurent sir Charles causant devant le feu avec M. Thorpe ; celui-ci, en entendant prononcer leur nom, se précipita vers eux, et,