Page:Trollope - La Pupille.djvu/25

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prenant leurs mains dans les siennes, il les attira vers le feu. Ces braves cœurs se rappelèrent toujours depuis l’empressement et la cordialité de leur vénérable parent, et mistress Heathcote resta persuadée que, si leur magnifique entrée en corps avait été manquée, les choses ne se seraient pas passées de même.

Après les premières poignées de mains, M. Thorpe commença l’examen des enfants. La première qui vint à lui était la grande jeune fille, dont il ne put distinguer les traits, tant son chapeau et son voile la cachaient aux regards.

« Et qui êtes-vous, mon enfant ? demanda le vieillard en lui tendant la main et cherchant à savoir si elle était jolie ou laide.

— Florence Heathcote, monsieur, » répondit une voix timide, mais douce.

À ces mots le major se retourna en disant :

« Je vous demande pardon, mon cher frère ; mais mes doigts étaient si glacés qu’en les chauffant j’oubliais de vous présenter les enfants. Voici Florence, l’aînée des deux enfants qui me restent de la pauvre Mary. Cette petite fillette, ajouta-t-il en désignant l’autre jeune fille, c’est Sophie Martin, le seul héritage de votre sœur Jane ; et enfin voilà mon fils Algernon, le septième enfant de Mary, un garçon adroit et intelligent, mais faible et maladif, quoique mieux, beaucoup mieux portant qu’il n’était il y a quelques années. »

La première jeune fille alla à la cheminée sans obtenir un seul regard de son oncle ; mais il n’en fut pas de même de Sophie Martin l’orpheline. Celle-ci était beaucoup mieux habillée que sa cousine, quoique rien dans sa toilette n’indiquât l’élégance ni le bon goût ; mais son apparence était propre et soignée. Ses cheveux, malgré le mauvais temps, étaient dans un ordre parfait, et, au lieu de passer rapidement comme Flo-