Page:Trollope - La Pupille.djvu/242

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tandis que mistress Heathcote, qui était devenue assez intime avec l’étranger, lui répondait, en faisant signe, en même temps, à Algernon, perdu dans les rideaux de la fenêtre :

« Laissez-moi vous présenter notre fils Algernon, monsieur Jenkins,… voici Algernon Heathcote, » reprit-elle en plaçant le jeune homme en face de l’étranger, sans s’inquiéter de l’ennui que pourrait occasionner à son fils cette exhibition un peu embarrassante.

Algernon prit la chose au mieux, car il sourit avec grâce, et montra la plus charmante expression de physionomie qu’on puisse voir. M. Jenkins, oubliant un instant sa réserve habituelle, posa une main sur chaque épaule du jeune homme, et s’écria :

« Voilà donc Algernon Heathcote ? »

Algernon rougit de la persistance d’attention dont il était l’objet, et cette rougeur le rendit aussi beau que mistress Heathcote elle-même le pouvait désirer dans son orgueil maternel.

« Oui, monsieur Jenkins, voilà Algernon, et, quand vous le connaîtrez, vous verrez que l’apparence n’est pas encore ce qu’il y a de mieux en lui, répliqua mistress Heathcote, qui reprit sa place et laissa les deux nouveaux amis ensemble.

— Surtout, monsieur, s’écria le jeune homme en souriant, n’allez pas croire tout ce que ma mère vous, dira de moi ; c’est une digne et excellente femme, mais elle a le défaut d’embellir tout ce qu’elle raconte de moi.

— Oh ! mon jeune ami, maintenant que je vous connais, je jugerai par moi-même. »

Après ces mots, échangés avec grâce, M. Jenkins mit la conversation sur l’Italie, et se fit un plaisir de laisser parler le jeune homme.

Quand on annonça le dîner, la maîtresse de la mai-