Page:Trollope - La Pupille.djvu/247

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yeux brillèrent de joie ; du reste, à quoi bon penser à cela ?

— On ne sait pas, reprit M. Jenkins en riant ; que diriez-vous si un ami dévoué cherchait à nouer une alliance entre vous et votre cousine Sophie ?

— Je dirais, monsieur, que cet ami dévoué ferait bien de trouver une autre occupation.

— Pourquoi donc, je vous prie ? Ce serait un excellent moyen de vous faire partager l’héritage de votre oncle, et, si je croyais que ce mariage pût faire votre bonheur, j’employerais de grand cœur le pouvoir que je puis avoir sur Sophie pour l’y déterminer.

— Vous plaisantez, monsieur Jenkins, repartit Algernon en riant ; miss Martin Thorpe est certainement en âge de se marier dès demain ; mais vous ne pourriez pas en dire autant de moi.

— N’avez-vous pas d’autre objection ? reprit M. Jenkins avec joie ; voyons, la trouvez-vous aimable ?

— Ma parole d’honneur, monsieur Jenkins, je ne me laisserais marier de force à qui que ce fût. Je ne connais pas les usages de l’Orient, mais en Angleterre on ne marie pas les garçons à seize ans.

— C’est tout ce que vous avez à me dire alors ? Mais si j’obtenais qu’on vous attendît trois ou quatre ans ? Savez-vous que cela serait une belle position pour vous ?

— Si je ne croyais pas que vous plaisantez, monsieur, vraiment je me fâcherais, dit Algernon d’un ton ferme. car je me considérerais comme un infâme si des motifs d’argent pouvaient seuls me guider dans le choix d’une femme. Je vous prie donc de terminer là cet entretien. Parlons, si vous voulez, de livres ou de toute autre chose.

— Je parle très-sérieusement, Algernon, en vous disant que je vous conjure de me dire librement et avec