Page:Trollope - La Pupille.djvu/254

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— Je préférerais vous écouter, mon cher ami, répondit M. Thorpe et je vous serais fort obligé de me donner votre avis sur mes jeunes parents.

— C’est impossible, monsieur, et vous me comprendrez quand vous réfléchirez que je suis chargé par votre père de veiller aux intérêts de miss Martin Thorpe ; ma conduite, si je vous conseillais, serait indigne d’un galant homme.

— Vous avez toujours raison, sir Charles, et je ne vous parlerai même pas de mes intentions ; je vous apprends seulement que vous n’êtes plus le tuteur de Sophie Martin, injustement appelée Martin-Thorpe, puisque je me présente et réclame mon héritage, que mon père a bien dit devoir m’être rendu si je revenais jamais. Maintenant, me reconnaissez-vous pour Cornélius Thorpe, nierez-vous mes droits et serai-je dans l’obligation, quand je voudrai me faire connaître, de produire des témoins qui constateront mon identité ?

— C’est inutile, monsieur Thorpe, répondit sir Charles en retenant un sourire et en gardant un air grave. Je vous prie, jusqu’à ce que vous ayez appris votre retour à ma pupille, de ne plus me parler de vos intentions pour ou contre votre famille.

— Je vous quitte donc, reprit M. Thorpe qu’amusait fort la gravité du tuteur de Sophie Martin, luttant désavantageusement avec la joie de sir Charles l’amoureux de Florence. Mais avant que je sorte, ajouta-t-il, promettez-moi de ne parler de mon retour à personne.

— Je vous obéirai si vous le désirez positivement, monsieur ; mais je vous avoue que j’aimerais beaucoup que le major et sa famille…

— C’est vis-à-vis d’eux que je tiens surtout à rester, M. Jenkins, » répondit M. Thorpe en souriant finement, ce qui fit rougir le baronnet encore bien davantage, et le détermina à donner la promesse qu’on lui demandait.