Page:Trollope - La Pupille.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les deux gentlemen se séparèrent alors, sir Charles espérant tout de ces nouveaux arrangements pour son cher Algernon, et se reprochant sévèrement sa joie à la pensée du retour de celui qui allait ruiner sa pupille. Mais, malgré les efforts qu’il faisait pour regretter ce qui arrivait à Sophie, la satisfaction brillait dans ses yeux et le bonheur remplissait son cœur quand il rejoignit ses amis dans le pavillon. Là il dut se contenir, et, quoiqu’il lui fût impossible de paraître indifférent et calme, les instances de la jolie Florence ne parvinrent pas à lui faire expliquer sa violente émotion.

Les questions pleuvaient sur lui, et Algernon s’écria enfin :

« Vous avez appris de bien bonnes nouvelles aujourd’hui, sir Charles, et c’est mal à vous de ne point nous faire partager votre joie. »

Il était bien pénible d’être obligé de se taire ; cependant le baronnet se contenta de répondre le plus gravement qu’il lui fut possible :

« En effet, Algernon, j’ai maintenant l’espoir de rentrer dans une petite somme d’argent, et cela fait toujours plaisir à un pauvre garçon ruiné comme moi.

— Est-ce M. Jenkins qui vous en a donné la nouvelle ? » demanda Algernon, plus curieux et moins convaincu que jamais.

Sir Charles ne répondit pas, et, sauf quelques sourires insignifiants qui venaient de temps en temps illuminer son beau visage, il ne donna plus aucune marque de joie, et on ne fit plus d’allusions à l’événement heureux qui lui était survenu.