Page:Trollope - La Pupille.djvu/26

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rence, elle s’arrêta un peu en regardant fixement son oncle, comme pour se faire plus remarquer de lui.

Le vieillard lui rendit son regard, et prenant ses deux mains il murmura en regardant ses boucles de cheveux : « C’est l’orpheline de Jane ! Elle n’est pas du tout comme était sa mère à son âge ; mais comme elle ressemble à mon fils ! Ses cheveux bouclent comme les siens, son sourire est le même ; je n’ai jamais vu une fille rappeler autant un garçon ! »

Ces mots furent accompagnés d’un sourire désolé ; puis, voulant chasser sa tristesse, il s’approcha d’Algernon, et lui mettant la main sur l’épaule :

« Vous êtes gelé, mon garçon, dit-il, et cependant vous êtes bien couvert.

— J’y ai veillé, monsieur, interrompit mistress Heathcote en allant avec tendresse aider son fils à ôter ses cravates ; Algernon n’est pas bien portant, monsieur, et, comme le cher major a voulu vous l’amener, j’ai exigé qu’il fût bien enveloppé. En effet, cela aurait été bien triste de le laisser seul à la maison : c’est un si bon garçon ! Étiez-vous bien couvert, Algernon ?

— Je serais mort sans vos soins, ma mère, répondit le jeune homme avec douceur.

— J’espère que vous avez aussi pris soin de vous, mistress Heathcote, car il gèle affreusement, » demanda sir Charles en souriant avec bienveillance à la brave mère de famille.

Avant que la dame eût pu répondre, M. Thorpe s’écria :

« Pardon de faire aussi mal les honneurs de chez moi, et permettez-moi de réparer mon oubli en vous présentant monsieur, mon ami, mon voisin affectionné, sir Charles Temple. Mesdemoiselles, je vous le donne pour l’homme le plus aimable et le plus complaisant des environs, et je regrette que vous soyez souffrant, Alger-