Page:Trollope - La Pupille.djvu/269

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seiller de nouveau de s’unir à celui qui ferait le bonheur de toute sa vie.

« Marguerite, que lui répondre ? murmura Sophie d’une voix brisée. Je ne voulais pas me marier, je préférais vivre seule. Mais, hélas ! maintenant, oh ! monsieur Brandenberry, vous n’avez donc pas lu dans mon cœur ? N’avez-vous pas deviné que votre dévouement passionné me charme autant que m’irritent, et me blessent les projets mercenaires et vils de cet infâme sir Charles Temple ?

— Soyez à moi pour toujours ! s’écria M. Brandenberry avec véhémence ; laissez-moi vous soustraire aux misérables qui sacrifieraient sans honte votre angélique pureté à leur infernale avarice. Oui, Sophie adorée ! je vois que vous avez su distinguer mes propositions de celles de l’orgueilleux qui a osé courtiser sous vos yeux votre indigne cousine Florence Heathcote. Montrez alors, trop charmante et trop adorable créature ! montrez-leur que votre noble caractère ne peut pas supporter d’aussi basses tyrannies ; soyez à moi ! soyez mon épouse adorée, chérie !

— Hélas ! que me demandez-vous ? reprit Sophie plaintivement en abandonnant sa main à son adorateur passionné. Ils vont me poursuivre, me prendre et me ramener avec eux. Ils connaissent leur pouvoir et leurs droits sur moi ! Je suis certaine qu’avant midi demain je serai réintégrée de force dans mon château, qui s’est changé pour moi en une affreuse prison. »

En finissant cette adroite tirade, la jeune fille se couvrit les yeux de son mouchoir et ne put retenir des cris et des sanglots déchirants.

« Savent-ils où vous vous êtes réfugiée ? demanda M. Brandenberry.

— Oh ! non, pas en ce moment, et j’espère même qu’ils remettront leurs recherches à demain.