Page:Trollope - La Pupille.djvu/38

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que l’huile n’était soutenable qu’à la cuisine, mais avec des bougies de cire, répandues avec profusion dans tout l’appartement.

Les demoiselles Wilkyns s’étaient assises sur des canapés et, une place étant restée vacante auprès de miss Elfreda, Sophie Martin s’en empara en lançant un regard d’admiration sur sa voisine ; celle-ci, s’en étant aperçue, daigna en être flattée et elle dit aussitôt :

« Il serait très-convenable que nous fissions un peu connaissance : comment vous nommez-vous, ma cousine ?

— Mon nom est Sophie Martin, répondit la timide orpheline.

— Sophie Martin ! Mais je n’ai jamais entendu prononcer ce nom-là. Et vous, Eldruda, vous, Winifred, connaissiez-vous cela ?

— Non, vraiment, jamais de ma vie, répondit la seconde miss Wilkyns en bâillant.

— Ni moi, Elfreda, dit la troisième. D’ailleurs est-il probable que je le sache, puisque vous ne l’avez jamais su vous-même ?

— Il ne faut pas vous formaliser de cela, ma chère enfant, ni croire que nous ne fassions pas cas de vous à cause de ce nom que nous ignorions, reprit gracieusement miss Wilkyns. Quel âge avez-vous, Sophie Martin ?

— Vingt ans, répondit doucement Sophie.

— Vingt ans seulement ! je vous aurais crue bien plus âgée que cela.

— Et vous, ma chère, dites-nous donc votre âge, si rien ne vous en empêche, demanda mistress Heathcote gaiement.

— Que voulez-vous qui m’en empêche, madame ? répondit miss Elfreda, évitant ainsi de répondre à la question qui lui était faite.