Page:Trollope - La Pupille.djvu/4

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suis, et qui ne peuvent obtenir qu’on vienne quand ils sonnent.

— Je pense, monsieur, que vous devriez prendre quelqu’un de plus jeune et plus actif que moi pour répondre à votre sonnette, répliqua mistress Barnes avec une feinte modestie ; car je sais que je ne suis plus aussi vive qu’autrefois. D’ailleurs, si vous vouliez avoir un valet de chambre, ainsi que les autres gentlemen du voisinage, il serait facile d’en trouver un qui courrait plus vite que moi.

— Vous dites cela pour me contrarier, mistress Barnes, et parce que vous savez que je n’aime pas les valets. Mais on m’a habitué à tout supporter ici ; ne parlons donc plus de cela et veuillez m’écouter. Vous savez que je n’aime pas à répéter ce que je dis, ajouta-t-il ; prêtez-moi donc votre attention. Je vais engager une grande société à venir passer ici les fêtes de Noël. Avez-vous entendu ce que je vous ai dit ? continua le vieux gentilhomme en remarquant que la femme de charge le regardait avec anxiété.

— J’ai peur que vous ne soyez malade, monsieur, dit-elle enfin en s’approchant avec sollicitude ; laissez-moi envoyer chercher M. Patterson pour qu’il vous tâte le pouls.

— Vous êtes folle, Barnes, et je le suis autant que vous, moi qui vous garde après m’être convaincu que vous ne valez guère mieux qu’une idiote. Enfin, comme je ne puis vous remplacer en ce moment, je vous prie de réunir le peu d’intelligence qui vous reste afin d’écouter les ordres que je vais vous donner, et cela sans vous figurer que j’ai le délire… si c’est possible.

— Je vous demande pardon, monsieur, mais il faut que j’aie mal entendu ou que je me sois trompée.

— En ce cas, tâchez de mieux me comprendre dorénavant. Asseyez-vous, ma vieille amie. Je n’ai pas le