Page:Trollope - La Pupille.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

délire, ma pauvre Barnes, et cependant il faut que ma maison soit remplie de visites à Noël. Asseyez-vous et causons.

— Mais que ferons-nous pour les domestiques ? Nous n’avons que le jardinier, le bailli et le garçon qui fait les couteaux et nettoie les souliers ; comment, avec ce personnel, pourrons-nous avoir si grande compagnie ?

— Je sais tout cela, Barnes, mais il y a toujours de la ressource, là où il y a beaucoup d’argent. J’aurai, si je veux, une douzaine de domestiques bien dressés et élégamment habillés. Ne vous tourmentez pas pour cela.

— Je sais qu’avec de l’argent on peut se procurer ce que l’on veut, monsieur, mais alors il en faut dépenser beaucoup.

— Il me convient d’en dépenser, Barnes, et je ne trouverai pas que ce soit trop d’un millier de guinées pour traiter mes invités. »

Mistress Barnes tressaillit en le regardant avec surprise.

« Barnes, mon amie, reprit le vieux gentleman en plaçant ses coudes sur les bras de son immense fauteuil, Barnes, vous savez ce que contenait la lettre que j’ai reçue la semaine dernière ; mais vous ne pouvez savoir combien cette lettre pèse sur mon pauvre cœur.

— Alors, monsieur, je sais que vous aurez du plaisir à réunir une petite compagnie, et aucune peine ne me coûtera pour préparer la réception. »

M. Thorpe sourit en secouant tristement la tête.

« Ce n’est pas cela, Barnes. Je n’ai pas besoin de dire mes motifs en ce moment ; mais, quoiqu’il ne soit pas impossible que je vive encore quelque temps, je désire réunir tous mes parents avant de mourir.

— C’est très-juste, monsieur, et, si vous voulez me donner vos ordres, je ferai de mon mieux pour qu’ils