Page:Trollope - La Pupille.djvu/49

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insipide boisson ne mérite pas ce nom, dit-il en montrant le thé de mistress Barnes.

— Peut-être, mon oncle ; mais, si vous voulez vous approcher du feu, vous en trouverez de meilleur, que j’ai fait exprès pour vous.

— Vous, chère enfant ! comme vous êtes gentille… mais sur mon âme, il a bien bonne mine. Comment avez-vous pu deviner la chose que j’aime le plus au monde, et surtout comment avez-vous pu l’obtenir ?

— J’ai simplement fait demander à votre excellente mistress Barnes, qui est bien la plus intelligente personne de la terre, de m’envoyer tout ce dont j’avais besoin ; et c’est ainsi qu’ayant vu que vous désiriez une tasse de thé fait pour vous seul, je me suis arrangée pour vous le préparer à votre goût. »

Le vieux gentilhomme dégusta sa tasse de thé avec plaisir, tout en regardant la jeune fille.

« Vous êtes une étrange fille, dit-il, et je regrette bien de ne pas vous avoir connue plus tôt, ce qui serait arrivé si j’avais fait mon devoir lors de la mort de votre pauvre mère. Une autre tasse de thé Sophie, puis nous tâcherons d’organiser un whist. Pussy, Pussy, Pussy, venez boire de la crème, continua M. Thorpe en appelant le magnifique chat, objet des affections de sir Charles, qui répondit par un charmant miaou.

— Oh ! quel beau chat ! il éclipse même le mien ; je n’ai jamais rencontré le pareil, s’écria Sophie.

— Vous aimez les chats, Sophie.

— C’est la seule amitié qui me soit permise, mon oncle. » Et son regard ajouta : « Pauvre orpheline, on ne me tolère aucun ami ; mon chat seul est accepté, et la pauvre bête paye déjà cher sa fidélité. »

M. Thorpe lança à Sophie un regard de profonde tendresse, puis se levant : « Maintenant, dit-il, je vais organiser une table de jeu. »