Page:Trollope - La Pupille.djvu/50

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En se retournant, il vit Algernon Heathcote plongé dans un fauteuil tout près du guéridon où était le thé de Sophie, et lisant avec attention dans un gros livre recouvert en peau.

« Ah ! vous lisez la Bible, mon garçon ! dit M. Thorpe ; et quel épisode vous occupe en ce moment ?

— L’histoire de Jacob et d’Ésaü, » répondit Algernon.

M. Thorpe ne l’entendit pas, occupé qu’il était de faire préparer des tables de whist, mais Sophie l’entendit et le comprit parfaitement.

« Qui va jouer un rob ? demanda le maître de la maison.

— Le major joue parfaitement, s’écria vivement mistress Heathcote, ravie à l’avance de ce que son cher mari allait s’amuser.

— C’est parfait ; et vous, Spencer ? » demanda M. Thorpe.

L’élégant gentleman accepta et prit une carte, en faisant briller avec soin le gros diamant qu’il portait au petit doigt.

« Et qui va faire notre quatrième ? continua M. Thorpe. M. Wilkyns paraît désireux de se reposer, Charles préfère rester auprès de ces dames. Voyons, mistress Heathcote, ne viendrez-vous pas à notre aide ?

— Mais je joue si mal, monsieur, que le major prétend que je ferais mieux de ne pas m’en mêler ; cependant pour vous obliger

— Oh ! ma tante ! j’aimerais tant à jouer ! murmura Sophie Martin.

— Si vos oncles ne s’y opposent pas, je vous le permets, chère enfant ; d’ailleurs, vous jouez beaucoup mieux que moi. N’est-ce pas, major ?

— Certes, ma chère Poppsy ; seulement comme elle n’a pas grand argent à perdre, je vais jouer contre elle, ce qui la dispensera de payer.