Page:Trollope - La Pupille.djvu/58

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« Pour me récompenser de ma vertu, dit-il, promettez-moi que vous n’irez pas à la cascade sans moi.

— Je le désirerais beaucoup, répondit-elle avec une charmante naïveté ; mais j’avoue que si, pendant votre absence, j’ai l’occasion d’y aller, j’y courrai sans vous attendre.

— Eh bien, pour prévenir toute tricherie, reprit-il en souriant, que diriez-vous, si je proposais cette promenade après déjeuner ? Ne serez-vous pas trop fatiguée de recommencer la course de ce matin ?

— Oh ! je pense bien pouvoir la supporter.

— Alors c’est un engagement que vous prenez ?

— Oui, sir, si cela vous plaît, et je le préfère à tout autre plaisir. Cependant c’est à la condition que maman n’aura pas d’autres projets.

— Ne m’appelez pas sir, miss Heathcote, sans y ajouter Charles ; ce mot de sir sonne si mal ! »

Ceci fut dit avec tant de passion que l’on pouvait déjà deviner le dessous des cartes. Sir Charles savait que, sous son apparence rustique, M. Thorpe était toujours l’homme élégant et distingué d’autrefois, et que le mauvais genre lui déplaisait extrêmement. C’est pourquoi il cherchait à corriger chez Florence quelques petits défauts qu’il avait remarqués et qu’il craignait que M. Thorpe n’aperçût.

Son désir le plus vif étant que Florence héritât de Combe, il faisait tous ses efforts pour perfectionner sa tenue. C’est pourquoi il venait de lui donner ce conseil, car une jeune fille qui dirait : « Oui, sir ; non sir, » serait classée aussitôt dans les castes inférieures de la société.

Quoique Florence ne comprît pas l’intérêt qu’elle inspirait à sir Temple, elle accepta ses conseils avec reconnaissance, et aussi lorsqu’il lui demanda la permission de l’appeler Florence, plus tard, quand ils