Page:Trollope - La Pupille.djvu/60

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rencontre avec Florence, il ne trouva pas le moment opportun pour en parler. Ce n’était pas à miss Wilkyns ni à Montagu Spencer qu’il désirait s’adresser, mais à mistress Heathcote, qui était en ce moment très-occupée à manger des œufs à la coque. Mais pendant qu’il cherchait le moyen d’entamer la conversation, la bonne dame s’écria :

« Je suis inquiète de Florence ; où peut-elle être allée ? Sophie Martin dit que son chapeau et son manteau ne sont pas dans sa chambre. Ordinairement elle n’est jamais en retard ; c’est l’enfant la plus exacte du monde, » continua-t-elle en s’adressant au maître de la maison, qui était assis entre elle et Sophie Martin.

M. Thorpe allait répondre quand sir Charles, ne voulant pas perdre cette occasion, reprit vivement :

« Je puis vous donner des nouvelles de votre fille égarée, madame ; j’ai eu le plaisir de la rencontrer et de rentrer avec elle.

— Eldruda, voulez-vous du jambon ? dit miss Elfreda en se penchant vers le plat pour dissimuler un sourire impertinent.

— Merci, non, Elfreda, répondit sa sœur en portant sa serviette à sa bouche pour cacher un rire nerveux, en réponse à celui de miss Wilkyns.

— Je vous disais bien, Algernon, qu’elle était allée se promener, reprit mistress Heathcote ; mais puisque vous êtes rentrés ensemble, monsieur Temple, où est-elle allée ? »

Sir Charles, ne voulant point parler de sa toilette inconvenante, répondit qu’il présumait qu’elle était allée ôter son chapeau.

« Si j’avais pensé que ces demoiselles voulussent se promener, j’aurais fait balayer les allées du jardin, reprit M. Thorpe, je crains que la belle Florence n’ait mouillé ses jolis petits pieds.