Page:Trollope - La Pupille.djvu/61

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— Je ne crois pas, monsieur, répondit le baronnet, du reste… »

Mais un sourire moqueur de miss Elfreda l’arrêta, et il n’ajouta pas, comme il allait le faire, que Florence n’avait pas borné sa promenade à faire le tour du jardin et qu’elle avait été au bois.

« Du reste quoi ? Charles, reprit M. Thorpe.

— J’allais dire qu’il serait malheureux que ces dames n’allassent qu’au jardin, quand la promenade des bois est si belle.

— Vous ne pensez pas, sir Charles Temple, que des dames iraient se promener dans les bois par ce temps-là ? s’écria miss Elfreda en réprimant à peine un frisson.

— Alors elles perdront un superbe spectacle, répondit sir Charles brusquement.

— Mais vous nous prenez donc pour des filles de campagne ? reprit miss Wilkyns. Au moins peut-on y aller en voiture, dans ces bois ?

— Comme j’y vais toujours à pied, j’ignore si on peut y aller autrement.

— J’espère bien que si : car, si pour sortir il fallait marcher à travers bois et recevoir la neige des arbres, mes sœurs et moi préférerions ne pas bouger, et ce serait bien triste.

— Il n’y a pas de neige, répondit sir Charles d’un ton aussi glacé que la chose dont il parlait.

— Enfin, serait-il convenable, je vous prie, pour des filles de gentleman, qui ont des manières distinguées, d’aller sauter par-dessus des fossés et des haies, comme des sauvages à travers leurs forêts ?

— Il est inutile de demander mon avis là-dessus, répondit sir Charles en se servant d’un excellent pâté de pigeon. Vous en offrirai-je, mademoiselle ? reprit-il.

— Merci, j’ai déjeuné, » répondit miss Elfreda en