Page:Trollope - La Pupille.djvu/70

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Mistress Heathcote avait beau réclamer le silence, il était impossible à ces demoiselles de se taire. Florence ne disait rien ; elle souffrait encore et ne pouvait parler.

« Quel malheur de rester à la maison par ce beau temps ! s’écria tout à coup sir Temple. Réellement, mesdames, êtes-vous bien décidées à ne pas sortir ? »

Miss Elfreda regarda sa jolie robe de soie mauve, miss Eldruda sa fraîche toilette olive clair, et miss Winifred sa jupe et son corsage vert pâle.

« On peut très-bien faire atteler, reprit sir Charles, qui tenait à faire oublier à Florence le chagrin qu’on lui avait fait ; celles de vous qui n’aimeront pas à marcher iront en voiture.

— Nous n’avons rien à opposer à cela, répondit miss Wilkyns ; mais, s’il y a un siège extérieur, je vous préviens que je préfère l’extérieur de la voiture : avec mon manteau fourré je ne crains pas le froid.

— Je ne vous y engage pas, reprit vivement sir Charles ; par ce froid intense, toutes les fourrures du monde n’empêcheraient pas le bout de votre nez d’être rouge.

— Vous avez raison, je ne sortirai pas du tout, » répondit-elle avec colère ; car son nez depuis deux ans avait pris une teinte rouge qui la désolait, et sir Charles venait par ces paroles de la blesser au cœur.

Hélas ! combien sir Charles se repentit de sa vivacité ! car s’il n’avait pas prononcé ce mot, le nez, on aurait emballé les trois miss et leur amie dans la voiture, tandis qu’il aurait accompagné Florence et sa charmante belle-mère à la cascade que sa jeune amie désirait tant voir.

Cependant la voiture fut attelée ; mistress Heathcote, les deux jeunes miss Wilkyns et miss Martin y prirent place, miss Elfreda les accompagna jusqu’au ves-