Page:Trollope - La Pupille.djvu/76

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— Oui, » répondit miss Heathcote en commençant à sourire.

Les demoiselles Wilkyns se regardaient en riant, et lançaient des regards perçants à sir Charles.

« Mais, mon enfant, vous avez l’air d’une demoiselle errante, reprit M. Thorpe avec un ton de reproche. Il aurait été beaucoup mieux que vous allassiez vous promener avec votre mère, au lieu de courir en tête-à-tête avec des jeunes gens ; ce n’est pas convenable.

— Pas convenable ! » reprit Algernon avec surprise ; mais tout à coup sa physionomie devint sérieuse : il regarda les deux collégiens qui, entre les huîtres et le pâté, riaient gaiement en chuchotant et en désignant Florence et sir Charles.

Algernon se leva vivement et, venant se placer entre les deux frères, il leur dit brusquement en leur mettant la main sur l’épaule :

« De quoi riez-vous ? je vous prie.

— Nous, nous ? dit Bentinck.

— Nous, nous ? reprit Montagu.

— Oui ! et qui peut vous faire rire quand notre oncle Thorpe parle à ma sœur ?

— Je ne crois pas avoir ri, reprit Bentinck en regardant son père.

— Je suis sûr de ne pas avoir ri, continua Montagu qui, se levant tout à coup, sortit en disant à son frère : Viens, Bentinck, faire des glissades.

— Vous êtes sorti avec votre sœur ? demanda sir Charles, qui avait écouté cette scène avec émotion et désirait lui voir prendre un heureux dénoûment.

— Oui, monsieur, répondit Algernon en jetant un regard victorieux sur toute la compagnie. Et je n’avais jamais rien vu d’aussi beau.

— J’aurais aimé d’y aller avec vous, reprit sir Charles ; c’est une de mes promenades favorites.