Page:Trollope - La Pupille.djvu/81

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Sophie s’était adroitement glissée au milieu de tout le monde pour se poser en face de la porte, afin que son oncle ne pût entrer sans la remarquer.

En effet, quand M. Thorpe descendit, en apercevant Sophie il s’écria : « Grand Dieu ! c’est extraordinaire ! »

Tout le monde se retourna, excepté M. Wilkyns, à cette exclamation, et la bonne mistress Heathcote lui dit avec admiration :

« Vous ne vous attendiez pas à voir un aussi beau jardin, n’est-ce pas ?

— Cela a vraiment l’air d’un temple druidique, reprit M. Spencer.

— Qu’avez-vous donc, mon oncle ?

— Qu’est-ce qui est extraordinaire ?

— Vous n’êtes donc pas habitué à cette décoration ?

— C’est superbe !

— Magnifique, vraiment !

— Bravo, mistress Barnes ! »

Telles furent les exclamations de toutes les personnes présentes ; elles attribuèrent à la surprise la pâleur et le trouble de M. Thorpe, qui, tout en essuyant une larme, alla prendre le bras de Sophie et la plaça près de lui à table. Malgré son émotion, M. Thorpe fit gaiement les honneurs du déjeuner, et offrit aux dames de les faire conduire en voiture à l’église, en plusieurs voyages, afin de ne pas les exposer à marcher dans la neige. Mais il fut convenu qu’une seule tournée suffirait, Sophie, Florence et tous les messieurs ayant décidé qu’ils iraient à pied.

Un goûter délicieux suivit le retour de l’église ; les dames rentrèrent dans leurs chambres ; MM. Spencer, Wilkyns et le major lurent les journaux ; les deux collégiens disparurent, tandis qu’Algernon et sir Charles montaient à la bibliothèque.

Voyant tout son monde occupé, M. Thorpe rentra dans