Page:Trollope - La Pupille.djvu/96

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ou nièces vous obligent à traverser l’Europe pour arranger leurs affaires, cela me paraît absurde, et je vous engage fort à refuser cette invitation au moins inconsidérée.

— Ce ne sont point les parents de M. Thorpe, mais son notaire qui m’appelle par cette lettre, ma mère, et je dois remplir ce devoir.

— Le vieux Westley ! reprit vivement lady Temple, à qui l’idée d’un legs souriait infiniment ; alors partez, mon fils, partez vite : en effet, le devoir l’ordonne. »

Sir Charles échangea encore quelques mots avec sa mère, puis il se mit en devoir de partir pour l’Angleterre.

En recevant aussi une lettre de convocation, M. Wilkyns s’apprêta promptement à quitter ses trois filles, tandis que ces demoiselles faisaient des remarques, des projets, et dépensaient à l’avance, en imagination, les riches revenus de Combe.

En lisant la lettre de M. Westley, M. Spencer s’écria : « Cela ne peut être que pour de bonnes nouvelles : on ne me dérangerait pas sans doute pour que j’assistasse au triomphe d’un autre ! »

Il se mit en route pour Combe.

Quand il apprit la triste nouvelle, le major la communiqua avec chagrin à sa famille.

Vraiment, il est mort ! murmura la bonne mistress Heathcote, et il y a un mois à peine nous l’avons quitté si bien portant ! »

Algernon et sa sœur pleuraient en se tenant la main ; quant à Sophie, elle ne bougea pas et n’eut pas un mot de regret. M. Heathcote lui ayant reproché cette dureté de cœur, Sophie répondit simplement :

« Je suis fâchée pour lui, ma tante ; mais il est inutile de tant faire d’embarras : sa vie et sa mort ne peuvent rien changer à ma position.