Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/171

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— De bien mauvaise grâce. Il aurait donné sa main droite pour échapper à cette nécessité. Mais je ne lui ai pas laissé d’alternative. Je lui ai présenté la chose de telle manière qu’il ne pouvait me faire un refus sans se déclarer lui-même un coquin. Vous dirai-je ce qui va arriver, à mon avis ?

— Qu’arrivera-t-il ?

— Il ne paraîtra pas. Je suis certain qu’il n’aura pas le courage de se montrer devant la justice. Quand le jour sera venu, ou, peut-être, un ou deux jours auparavant, il s’enfuira.

— Que ferez-vous alors ?

— Ah ! voilà la question. Que ferons-nous alors ? Il est tenu de poursuivre, et aura à payer une amende. Nous pourrons le faire rechercher et comparaître aux prochaines assises. Mais que pourrons-nous alors ? Quelque sévèrement qu’on le punisse pour avoir fait défaut, on ne peut lui enlever la propriété. S’il a détruit le testament ou s’il le cache, nous ne pouvons rien sur Llanfeare, tant qu’il saura tenir sa langue. Si l’on peut le faire parler : à nous, je crois, la propriété. »

M. Balsam secoua la tête. Il admettait bien que son client fût le méprisable personnage que dépeignait M. Apjohn ; mais il n’admettait pas que M. Cheekey fût l’adversaire irrésistible qu’on le disait être.



CHAPITRE XVIII

le cousin henry va à carmarthen


À son retour de Londres, M. Apjohn écrivit à son client la lettre suivante, qu’il lui fit porter à Llanfeare par un clerc chargé d’attendre la réponse.