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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/182

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dans un endroit que connaissait le cousin Henry. Ce matin même, il existait assurément ; mais — et M. Apjohn se faisait cette question avec terreur — le malheureux, poussé à bout, ne le détruirait-il pas ? Non seulement M. Apjohn avait découvert le secret, mais il avait laissé comprendre au cousin Henry qu’il connaissait ce secret ; et cependant pas une parole n’avait été échangée entre eux par laquelle on pût prouver, si plus tard le testament était détruit, qu’il avait jamais existé. Que le cousin Henry brûlât le papier, il était le tranquille possesseur de la propriété ; M. Cheekey pourrait tourmenter sa victime ; il ne tirerait pas de lui un aveu de cette importance. Peut-être arriverait-on à savoir à quel endroit exactement l’acte était caché : l’adresse chez l’un, chez l’autre, une terreur qui paralysait en quelque sorte sa pensée, conduiraient à cette dernière découverte. Mais il n’était pas à espérer qu’un criminel se dénonçât lui-même dans une cour de justice. Le cousin Henry, pensait M. Apjohn, ferait peut-être lui-même ces réflexions, et verrait pour lui plus de sûreté dans la destruction du testament. La grosse affaire était de sauver cet acte, qui avait, comme par un pouvoir magique, échappé à tant de dangers. S’il y avait un parti à prendre, il fallait agir sans délai. En ce moment, la voiture de M. Powell ramenait lentement chez lui le cousin Henry. Mais aussitôt arrivé, aussitôt qu’il se retrouverait seul dans la bibliothèque, celui-ci pourrait brûler le testament. M. Apjohn était presque certain que le papier était dans la bibliothèque. Le séjour presque ininterrompu du cousin Henry dans cette pièce, séjour dont on avait tant parlé dans le pays, en était une preuve. C’est là qu’il était toujours, veillant sur la cachette. Était-il à propos d’envoyer de nouveau des clercs faire une perquisition, avec ordre de ne