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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/64

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immédiatement après l’apposition des signatures. Est-ce vrai ? »

La sueur perla de nouveau sur le front de Henry. M. Apjohn le vit, mais sans en conclure à sa culpabilité, même au fond de son cœur. Sentir qu’on le soupçonnait était pour le jeune homme une torture et une humiliation assez pénible pour que l’on s’expliquât la sueur qui couvrait son front. Il fut quelques instants sans répondre, et, prenant l’air d’un homme qui réfléchit : « Oui, » dit-il, « je crois que j’ai été avec mon oncle ce matin-là.

— Et saviez-vous que les Cantor avaient été avec lui ?

— Non, que je me souvienne. Je savais, je pense, que quelqu’un avait été avec mon oncle… Ah ! oui, je le savais. J’avais vu leurs chapeaux dans la salle d’entrée.

— Votre oncle vous a-t-il parlé d’eux ?

— Non, que je me souvienne. Que vous a-t-il dit ? Pouvez-vous me le faire connaître ? Je me figure qu’il ne vous parlait pas beaucoup.

— Je crois que c’est dans cette circonstance qu’il m’a dit le nom de ses fermiers. Il me grondait souvent, parce que je ne comprenais pas la nature de leurs baux.

— Ce jour-là vous a-t-il grondé ?

— Oui, je crois. Il me grondait toujours. Il ne m’aimait pas. Je pensais à m’en aller et à le laisser là. Je voudrais n’être n’être jamais venu à Llanfeare ; oui, je le voudrais. »

Il y avait dans ces paroles un accent de vérité qui adoucit un peu le cœur de M. Apjohn en faveur du pauvre garçon. « Voudriez-vous répondre à une autre question, monsieur Jones ? dit-il. Votre oncle vous a-t-il dit qu’il avait fait un autre testament ?