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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/99

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mon oncle aurait excitées contre moi, je ne sais pourquoi. S’il vous plaisait d’y revenir vivre comme propriétaire, sauf à me payer une certaine somme sur les revenus, vous seriez bienvenue à le faire. Je vous parle très sérieusement ; pensez-y de même.

« Votre bien dévoué,
« Henry Jones ».


Sa résolution au sujet du payement des quatre mille livres était déjà prise quand il était revenu de Carmarthen ; mais ce ne fut que quand il eut la plume à la main, et qu’il eut écrit le paragraphe où il se plaignait à Isabel de sa cruauté, qu’il pensa à lui faire l’offre de résider à Llanfeare. L’idée traversa rapidement son esprit et fut, sur-le-champ, mise à exécution. Qu’elle vînt à Llanfeare, qu’elle y vécût, qu’elle trouvât le testament elle-même, si cela lui plaisait. Si elle était portée aux lectures pieuses, elle aurait sa récompense. Cette conduite montrerait au moins à tout le monde qu’il n’avait peur de rien. Il resterait, pensait-il, à son bureau, si la chose pouvait s’arranger ; il abandonnerait le vain titre de seigneur de Llanfeare, et vivrait avec tout le confortable que lui permettrait le revenu qui lui serait fait sur les rentes, jusqu’à ce que le papier fût trouvé. Tel était son dernier plan, et la lettre qui contenait la proposition fut mise à la poste.

Le lendemain, il sentit de nouveau le besoin de parcourir le voisinage, afin de faire évanouir peu à peu les soupçons qu’avait pu faire naître sa vie mystérieuse, et il sortit pour se promener. Il descendit vers les falaises et s’assit, les yeux fixés sur la mer. Il pensait toujours au livre. Oh ! si ce livre pouvait être du plus profond de la mer, être englouti à jamais, sans que ce fût sa main qui le précipitât ! Et il demeurait là immobile, attendant qu’il se fût