Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/159

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— Je vais m’en aller, c’est tout ce que je peux faire. Je ne désirais pas dîner ici. Capitaine Aylmer, voici ma cousine Clara. Je l’aime plus que tout le reste du monde. Je lui donnerais la dernière goutte de mon sang si elle le demandait. L’aimer ! je ne crois pas qu’il soit en vous de comprendre l’amour que je lui porte. Elle me dit qu’elle va être votre femme. Vous ne pouvez pas supposer que cela me soit agréable ni que je me sente bien disposé à vous aimer. J’avoue que je ne vous aime pas beaucoup. Maintenant, je vais vous débarrasser de ma présence. Mais, écoutez-moi bien : si jamais vous êtes méchant pour elle, que vous l’épousiez ou non… je vous casserai les os. Bonsoir. »

Et il sortit.

« Votre cousin paraît être un agréable jeune homme, dit Aylmer, quand ils furent seuls.

— Ne pouvez-vous le comprendre et lui pardonner, Frédéric ?

— Je lui pardonne facilement. Mais je n’aime pas les gens qui jurent, menacent et se conduisent de manière qu’on rougirait pour eux, si un domestique venait à les entendre. Pensez-vous qu’il se soit conduit aujourd’hui en gentleman ?

— Je sais qu’il est un gentleman, dit Clara.

— Je confesse que je n’ai d’autre raison de le supposer que votre affirmation.

— Et j’espère que cela suffit, Frédéric. »