Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/55

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six heures, il fit ses adieux à M. Amadroz la veille au soir, avant de se séparer pour la nuit ; il pensait aussi prendre congé de Clara, mais elle lui dit doucement, si doucement que son père ne l’entendit pas, qu’elle se lèverait pour lui donner sa tasse de café et le voir monter en voiture.

Le lendemain matin elle était levée avant lui et ne pouvait comprendre elle-même pourquoi elle agissait ainsi. Si Will était résolu à oublier la scène qui avait eu lieu, elle devait éviter d’en rappeler le souvenir. Mais il lui avait promis la sollicitude d’un frère, n’était-elle pas tenue à agir à son égard comme une sœur ? Telles étaient les raisons qu’elle se donnait à elle-même.

Elle apporta de ses propres mains le café dans le petit parloir et le lui servit. Qui n’a vu, en pareille occasion, une jeune fille descendre de bonne heure sans tout le fini de sa toilette ordinaire, et cependant paraissant plus fraîche, plus jolie et plus charmante aux yeux de celui qui est l’objet de cette apparition matinale ? Et quel homme n’a pas aimé celle qui lui faisait cette faveur, quand même il n’aurait pas été d’avancé aussi profondément amoureux que le pauvre Will Belton ?

« Comme c’est bon à vous, dit-il.

— Je voudrais bien savoir comment être bonne pour vous, répondit-elle (et en prononçant ces mots elle s’aperçut qu’elle abordait, contre son intention,