Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/66

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vous reconnaîtrez qu’il s’est montré généreux. »

Clara ne remercia pas au fond du cœur le capitaine Aylmer de sa générosité, elle aurait voulu tout ou rien. Will se serait-il borné à cette prudente libéralité ?

Mistress Winterfield attendait un mot d’éloge pour son cher neveu.

« Eh bien ? dit-elle.

— Tout ce que je peux dire, répondit Clara, c’est que je désire n’être un fardeau pour personne.

— C’est une position à laquelle bien peu de femmes non mariées peuvent atteindre.

— Je pense qu’il serait bien d’étrangler toutes les femmes non mariées quand elles atteignent trente ans, dit Clara avec une véhémence qui effraya sa tante.

— Clara ! Comment pouvez-vous parler ainsi ! C’est une parole coupable.

— Tout vaudrait mieux que d’être torturée de la sorte. Ce n’est pas ma faute si je ne puis gagner mon pain en travaillant comme un homme. Mais je ne suis pas trop fière pour être fille de peine au besoin ; et j’aimerais mieux être fille de peine et n’avoir rien dans le monde que mes gages, que d’accepter l’argent du capitaine Aylmer.

— Mais c’est moi qui vous le laisse ; ce n’est pas un présent de Frédéric.

— C’est la même chose, ma tante, puisque cet