Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/82

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— Qui ? moi ? non, certainement, je n’ai aucune inquiétude, Frédéric. Il n’y a pas un nuage sur mon bonheur. Ah ! vous n’avez pas compris pourquoi j’ai parfois semblé dure pour vous.

— Non, » dit-il.

C’était la vérité. Elle aurait mieux fait de le laisser dans cette ignorance, mais elle avait l’intention de lui tout dire ; c’est pourquoi elle continua :

« Je ne sais trop comment vous dire cela, mais il me semble que je ne dois rien vous cacher.

— C’est mon avis, » dit Aylmer.

Il était de ces hommes qui se croient le droit de savoir les plus petits détails concernant la femme qu’ils doivent épouser. Si quelqu’un avait dit un mot tendre à Clara, il y a huit ans, ce mot devait lui être répété. J’ai bien peur que les gens si curieux n’entendent parfois quelque léger mensonge. En cela, leur propre expérience devrait les avertir.

Quand James, après avoir passé une longue soirée au clair de lune, son bras autour de la taille de Mary, voit Mary conduite à l’autel par John, ne lui vient-il pas en pensée que le même John a pu passer son bras autour de la taille d’Anna qu’il conduit lui-même à l’autel ? Les investigations en pareille matière ne doivent pas être poussées trop loin.

« J’aimerais à penser que j’ai toute votre confiance, dit Aylmer.

— Vous avez toute ma confiance. Je voulais seu-