Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/96

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— Quelles que soient ses pensées, elle est trop fière pour en rien laisser paraître.

— Je voudrais bien savoir si elle vous plaît.

— Elle me plaît ; je l’aime plus que personne au monde, plus même que vous, Mary, car je lui ai demandé d’être ma femme.

— Oh ! Will !

— Et elle m’a refusé. Maintenant vous savez tout ce que j’ai fait pendant mon absence. Je comptais bien vous le dire, Mary, mais pas ce soir ; cela m’a échappé ; la bouche parle de l’abondance du cœur.

— Est-ce qu’elle en aime un autre, Will ?

— Comment puis-je le dire ? je ne le lui ai pas demandé, mais je donnerais tout au monde pour le savoir.

— Elle est donc bien belle ?

— Belle ! ce n’est pas pour cela, bien qu’elle soit belle, mais…, mais… je ne saurais vous dire pourquoi, — c’est la seule jeune fille que j’aie jamais vue dont je voulusse faire ma femme.

— Mon pauvre Will !

— Mais je ne veux pas vous tenir levée toute la nuit, Mary. Je vais vous dire une chose : je ne compte pas mourir d’amour. Je vais vous dire encore autre chose : je n’ai pas l’intention de regarder ma cause comme perdue. J’ai agi comme un imbécile. Je m’y suis pris comme pour acheter un cheval, disant au vendeur mon prix qu’il pouvait ac-