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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/130

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chose de mieux pour toi. Je sais que dans l’armée on meurt de faim si l’on n’a pas de fortune personnelle ; mais, parole d’honneur, je trouve que des deux professions, l’Église est encore la pire. On peut devenir évêque, je le sais ; mais je me figure qu’avant d’en arriver là, il faut avaler bien des couleuvres.

— Je ne compte pas avaler de couleuvres, répondit le fils.

— Tu ne comptes peut-être pas non plus être évêque, reprit le père.

Ils ne pouvaient s’entendre sur ce chapitre. Pour sir Lionel, une profession était — une profession ; et dans tout le monde civilisé on sait ce que veut dire ce mot. Cela signifie un emploi au moyen duquel un homme bien né, qui, en venant au monde, n’a pas eu sa part de l’héritage de prospérité qui devrait revenir à tout homme bien né, parvient, en tirant parti de ses talents, à acquérir cette prospérité. Plus on en obtient, meilleure est la profession ; moins on a à travailler pour cela, meilleure est la profession ; moins l’homme est privé par son emploi des plaisirs et des jouissances de la vie, meilleure est la profession. Telle était l’opinion de sir Lionel, et il faut avouer que ses idées avaient au moins le mérite d’être claires, que sa manière de voir, quoique prosaïque, était pleine de sens, et qu’il était en somme de l’avis de la plupart des gens. Mais les idées de George étaient tout autres, et surtout bien moins faciles à expliquer. Il pensait qu’en faisant choix d’un état il devait, non se demander comment il obtiendrait les moyens de vivre, mais bien plutôt com-