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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/182

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— Non, dit-il, ce ne sont pas des folies : ce que je pense de vous et surtout ce que je sens pour vous fait que ce ne sont point là des folies ! Si je parlais de la sorte à votre tante, ou à madame Hunter, ou à mademoiselle Jones, ce serait en effet absurde. Je ne me laisserais pas diriger par une personne qui me serait indifférente ; mais, en cette chose, je voudrais être guidé par vous, si vous y consentez.

— Je n’y consens nullement.

— Vous ne me portez donc aucun intérêt personnel ?

— Pardonnez-moi. Votre oncle est mon tuteur ; il m’est donc permis de vous traiter familièrement, quoique notre connaissance ne date que d’hier. Je vous regarde comme un ami et je serai toujours heureuse de vos succès. Elle se tut ; puis, après quelques pas faits en silence, elle ajouta en rougissant (mais cette fois elle fit en sorte de dérober la vue de son visage à Bertram) :

— Si je vous répondais comme vous semblez le désirer, ce serait affecter à votre égard ou bien moins, ou beaucoup plus d’amitié que je n’en éprouve.

— Beaucoup plus d’amitié que vous n’en éprouvez ! répéta Bertram d’un ton mélancolique.

— Oui, beaucoup plus, monsieur Bertram. Mais enfin que voulez-vous donc que je vous dise ?

— Hélas ! je le sais à peine. Rien… rien, ne me dites rien. Et ils firent une centaine de pas en silence.

— Rien, mademoiselle, rien… à moins pourtant que…