Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/183

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— Monsieur Bertram, dit Caroline, et elle lui toucha légèrement le bras, monsieur Bertram, cessez, je vous en prie ; ou du moins pensez à ce que vous allez dire. Un homme de votre sorte ne doit pas parler sans réflexion. Elle était singulièrement maîtresse d’elle-même, bien plus calme que Bertram, et elle dominait naturellement la situation ; pourtant, elle aussi était émue.

— Rien, répéta George, ne me dites rien, — rien, si ce n’est que vous êtes prête à partager mon sort, quel qu’il puisse être. » En disant ces mots, il ne se tourna pas vers elle, mais tint ses yeux fixés sur le sentier qu’ils suivaient. Il ne poussa aucun soupir, et ne lui lança aucun tendre regard. À vrai dire, ses traits résolus et sa rude physionomie ne prenaient pas facilement une expression de douceur. Il fronça le sourcil, serra les dents, et hâta le pas ; et comme Caroline tardait à répondre, il reprit : « Je ne vous demande pas de me répondre sur-le-champ, à moins pourtant que vous ne puissiez me dire que vous me laisserez partager votre sort, quel qu’il soit, et que vous partagerez le mien.

— Monsieur…

— Eh bien ?

— Vous voyez que j’avais raison ; vous avez parlé sans réfléchir ; ne le comprenez-vous pas vous-même ?

— J’ai parlé franchement ; répondez-moi de même. Vous qui êtes au-dessus de tout mensonge, mettez-vous au-dessus de toutes les petites réticences de