Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/212

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— Ce serait intolérable si cela devait durer ; mais, crois-en mon expérience, George, si tu pouvais te décider à faire cela pendant six mois seulement, au bout de ce temps-là, la partie serait gagnée.

— En tout cas, je ne l’essayerai pas.

— Comme tu voudras ; tu es libre. Tout ce que je puis dire, c’est que bien des hommes à ta place en seraient fortement tentés. Je suis persuadé que si tu faisais toutes les volontés de ton oncle pendant six mois, tu siégerais au Parlement avant deux ans d’ici. Sir Lionel s’était assuré que le plus cher objet de l’ambition de son fils était d’arriver à la Chambre des communes.

Le soir de ce même jour, comme le père et le fils prenaient leur café en fumant, sir Lionel aborda un autre sujet. — Je ne sais pas si c’était sérieux, dit-il, mais quand nous étions à Jérusalem, il m’a semblé, maître George, que tu t’occupais beaucoup de Caroline Waddington.

George rougit et affecta de rire.

— C’était certainement une fort belle personne, poursuivit son père, — une des plus belles personnes que j’aie vues depuis longtemps. Quelles épaules, et quel cou ! Quand tu la traînais là haut sur la montagne des Oliviers, ce n’était pas seulement par amour de la géographie biblique, dis donc ?

George tâcha de rire et ne réussit qu’à avoir l’air d’un imbécile.

— Si tu n’en étais pas amoureux, tout ce que je puis dire, c’est que tu aurais dû l’être. Moi, je l’étais.