Aller au contenu

Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— En effet, je l’ai consulté, répondit George en rougissant vivement, selon sa déplorable habitude.

— Tu as bien fait. Et l’as-tu également consulté sur un autre point ? Lui as-tu demandé comment tu devras vivre jusqu’à ce que tu puisses gagner ta vie ?

George se vit obligé d’avouer qu’il n’avait pas fait cette question.

— Cela n’était point nécessaire, dit-il ; mon père sait que j’ai mon traitement d’agrégé.

— Tiens, tiens ! c’est vrai… et cela lui ôte naturellement toute inquiétude à ce sujet. Je n’y pensais plus.

— Mon oncle, vous êtes toujours bien sévère pour mon père ; beaucoup trop sévère.

— Tu trouves ?

— Oui, je le trouve. En ce qui touche ses devoirs envers moi, il me semble que si je ne me plains pas, vous ne devriez pas vous en plaindre non plus.

— Ah ! c’est comme cela que tu l’entends ? Je pensais, je te l’avoue, que jusqu’à ce jour j’avais pâti plus que toi de son oubli des devoirs paternels. Mais il faut croire que je me suis trompé.

— En tout cas vos plaintes, si vous en avez à faire, devraient être adressées à mon père, et non à moi.

— Sans doute ; mais c’est que, vois-tu, je n’ai pas le temps de courir à travers le monde jusqu’à Jérusalem, et, si je le faisais, il y aurait dix à parier contre un que je n’y rattraperais pas ton père. Pritchett pourra te dire aussi que le colonel n’est pas le plus exact des correspondants. Mais il t’a peut-être chargé