— Mais, songez comment ils ont été élevés.
— S’ils veulent faire les grands seigneurs, il faut qu’ils en subissent les conséquences. Les grands seigneurs et les grandes dames ne se marient pas à l’impromptu, comme les garçons de charrue et les laitières. Si un modeste revenu ne leur suffit pas, qu’ils patientent. Il alla pourtant cette fois jusqu’à dire que, s’ils attendaient encore un an, il ajouterait cinquante mille francs à la fortune de Caroline. Quant à George, il avait fait pour lui tout ce qu’il comptait faire pour le moment. « George aime à en faire à sa tête, dit-il, et pour ma part, je ne m’y oppose pas. Il vaut mieux qu’il fasse lui-même son chemin dans le monde ; cela le rendra plus heureux que s’il dépensait mon argent.
En quittant Hadley, mademoiselle Baker obtint la permission de mettre Caroline au courant de sa parenté avec M. Bertram. Après avoir également raconté l’histoire à George, elle devait prévenir les deux jeunes gens qu’ils encourraient la colère de M. Bertram, s’ils la répétaient indiscrètement à d’autres. — « Et surtout, Mary, dit-il, ne les induisez pas en erreur. Ne les laissez pas marier avec l’idée que par ce moyen ils hériteront de moi. Je désire qu’ils comprennent tous les deux que mes projets sont tout autres. »
De retour à Littlebath, mademoiselle Baker dut avouer qu’elle avait échoué dans sa mission, et Caroline annonça sur-le-champ que toute idée de mariage pour cette année, et même pour l’année suivante, devait être abandonnée. Elle fut surprise d’apprendre que