M. Bertram était le père de sa mère, mais elle ne crut pas nécessaire, à cause de cette parenté, d’affecter pour lui un amour subit. — « S’il est mon grand-père, dit-elle froidement, si George et moi sommes ses seuls proches parents, et si notre mariage ne lui déplaît pas, il devrait nous donner un revenu qui nous suffise pour vivre. » Pourquoi donc les grands-pères et les petits-enfants envisagent-ils toujours ces choses-là sous des aspects si différents ?
Malheureusement on était loin de s’entendre à ce sujet. Chacun avait sa manière de voir : le jeune homme, la jeune fille, et la tante. George était d’avis de se marier sur-le-champ, et de compter sur la Providence et sur ses efforts, à lui, pour augmenter le revenu. Son traitement d’agrégé lui serait continué pendant un an encore, malgré son mariage ; dans deux ans et demi, il serait avocat, et, en attendant, il gagnerait quelque argent à écrire dans les revues. Si Caroline n’avait pas peur, il ne craignait rien.
Mais Caroline avait grand’peur. Elle n’avait jamais mis dans ses projets de vivre à Londres, dans son ménage, avec dix mille livres de rente. « Elle savait trop bien, disait-elle souvent, à sa tante, l’effet que cela aurait sur l’affection de son mari. » À vrai dire, Caroline paraissait partager, jusqu’à un certain point, les opinions de Harcourt à ce sujet, et redouter, comme lui, les petites économies féminines ; — surtout celles qu’il faut pratiquer sous les yeux des hommes.
Mademoiselle Baker était pour un moyen terme.