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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/300

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dire à cet homme que vous l’épouseriez si vous ne comptiez pas le faire avec ce revenu-là. Il ne devrait rien demander : il a le droit d’exiger.

— Exiger ! non. Le temps d’exiger n’est pas encore venu pour lui.

— Pardonnez-moi, il est venu, si vous êtes fidèle à votre parole. Vous auriez dû réfléchir à tout ceci, et je ne doute pas que vous ne l’ayez fait avant de promettre de l’épouser. Vous n’avez pas le droit maintenant de le rendre malheureux.

— C’est pour cela justement que je ne veux pas le condamner à la pauvreté.

— La pauvreté ! hélas ! comme on la craint ! N’y a-t-il donc rien de pis qu’elle, rien de pis que ce que vous appelez la pauvreté, — cette pauvreté qui ne peut pas changer ses robes ? » — Caroline la regarda avec étonnement, — mais Adela continua. Ah ! sans doute, un cœur brisé n’est pas tant à redouter, ni les larmes de chaque jour, ni les espérances déçues, ni le désappointement vide et lourd, ni les tristesses amères. Tout cela n’est rien comparé à l’inquiétude de n’avoir pas un garde-manger bien garni ! Oui ! ne vous mariez pas que vous ne soyez parfaitement rassurée de ce côté-là, quelque vide que puisse être le cœur

— Adela !

— D’autres peuvent être excusables, continua celle-ci, — se reportant comme toujours à l’entrevue de West-Putford et défendant vis-à-vis d’elle-même celui qu’elle ne pouvait s’empêcher d’accuser au fond du cœur, — d’autres peuvent être excusables,