mais vous, vous ne sauriez l’être. Si maintenant vous repoussez Bertram, tous les maux qui à l’avenir pourront l’atteindre pèseront sur votre cœur comme le remords. Il n’est pas homme à prendre la chose tranquillement et à attendre, si vous refusez de l’épouser aujourd’hui.
— Je saurais vivre sans lui.
— C’est votre orgueil qui dit cela, et je crois, en effet, que vous pourriez vivre sans lui. Mais j’ai trop bonne opinion de vous pour croire que vous pourriez être heureuse sans lui, pas plus que lui ne pourra être heureux sans vous. Vous serez tous deux fiers, endurcis et malheureux, — endurcis en apparence seulement, car vous n’aurez pas même le triste bonheur de l’être réellement.
— Mais vraiment, Adela, à vous entendre, on vous croirait la victime de quelque passion malheureuse qu’une prudence cruelle serait venue traverser.
— Et l’on aurait raison ! En disant ces mots Adela se leva, comme pour continuer debout l’avertissement passionné qu’elle donnait à son amie. Mais la force lui manqua, elle tomba à genoux devant le canapé, et, le visage caché dans ses mains, elle fondit en pleurs et en sanglots.
Caroline, toute consternée, fit son possible pour calmer son amie ; mais Adela la supplia de la laisser tranquille un instant.
— Une seule minute, dit-elle d’une voix plaintive et à peine reconnaissable, une seule minute et je serai remise. J’ai été absurde, mais n’en parlez jamais, ja-